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L’AREF Fès-Meknès à l’épreuve des résultats et d’une ambition renouvelée

Hicham TOUATI - Présentée devant le conseil d’administration de l’Académie régionale de l’éducation et de la formation puis partagée, le soir même, avec la presse, la feuille de route éducative de Fès-Meknès pour 2026 dessine une réforme enracinée dans les chiffres, mais portée par une volonté assumée de transparence, de proximité et d’amélioration continue.

Il y avait, dans la présentation du directeur de l’Académie régionale de l’éducation et de la formation de Fès-Meknès, bien plus qu’un alignement de tableaux statistiques et de projections budgétaires. Les documents soumis, d’abord aux membres du conseil d’administration présidé par le ministre de l’Éducation nationale, puis aux journalistes réunis en conférence de presse, racontent une histoire plus large : celle d’un système éducatif régional engagé dans un travail patient de redressement, attentif à ses fragilités mais confiant dans sa capacité à produire des résultats mesurables.
 

Les indicateurs pédagogiques constituent le premier socle de ce récit. La baisse sensible du redoublement à tous les niveaux, l’amélioration continue des taux de réussite et, surtout, la progression notable du taux de réussite au baccalauréat, qui a augmenté de plus de douze points, témoignent d’un infléchissement réel des trajectoires scolaires. Ces évolutions ne sont pas présentées comme des succès isolés, mais comme le résultat de politiques ciblées et complémentaires, fondées sur la généralisation du soutien pédagogique, la diversification des dispositifs d’accompagnement et le recentrage des apprentissages sur les compétences fondamentales.
 

La lutte contre le décrochage scolaire, longtemps talon d’Achille de l’école publique, apparaît comme l’un des marqueurs forts de l’action régionale. La réduction de près de 28 % du phénomène, équivalant au maintien de plus de 12 000 élèves dans le système éducatif, illustre une approche qui articule vigilance institutionnelle, soutien social et alternatives éducatives. Les programmes de « deuxième chance », élargis et structurés, montrent ici leur capacité à transformer des parcours menacés en trajectoires de réintégration.

L’autre axe majeur mis en avant concerne les conditions matérielles d’apprentissage. L’AREF Fès-Meknès assume un choix stratégique : investir massivement dans l’extension et la modernisation du réseau scolaire. La programmation de quarante-neuf nouveaux établissements et la création de plus de quatre cents salles de classe supplémentaires à l’horizon 2026-2027 visent un objectif clair : réduire durablement la pression des effectifs et résorber l’encombrement des classes, notamment dans les cycles collégial et qualifiant. Les chiffres relatifs à la baisse annoncée de l’encombrement sévère traduisent un changement d’échelle rarement atteint ces dernières années.
 

Le programme des établissements pionniers, déployé à grande échelle, met l’accent sur la maîtrise effective des apprentissages, avec des taux de consolidation des acquis qui traduisent une amélioration tangible du niveau réel des élèves. Là encore, le discours se garde de toute autosatisfaction : les résultats sont présentés comme des jalons, non comme des aboutissements définitifs.
 

Mais ce qui a le plus marqué les observateurs, au-delà des données chiffrées, tient à la posture adoptée par la direction de l’Académie. Lors de la conférence de presse, le directeur, entouré de l’ensemble des responsables provinciaux, a fait le choix d’un échange ouvert, long, parfois exigeant. Les questions, critiques et remarques des journalistes ont été accueillies sans esquive, dans un esprit que beaucoup ont qualifié de rare dans le paysage institutionnel. L’appel lancé à la presse pour mettre également en lumière les dysfonctionnements, afin de contribuer à leur correction, a renforcé l’impression d’un dialogue assumé et non d’une communication défensive.

Cette séquence institutionnelle donne ainsi à voir une Académie qui revendique la responsabilité comme méthode : responsabilité dans l’usage des fonds publics, dans la lisibilité des résultats, et dans la reconnaissance des marges de progression. Elle suggère aussi une conviction : la réforme éducative ne peut s’enraciner durablement sans un regard critique, informé et indépendant.
 

 

À Fès-Meknès, l’école ne prétend pas avoir tout résolu. Mais elle avance, chiffres à l’appui, en acceptant de se raconter, de s’exposer et de se discuter. C’est peut-être là, au-delà des pourcentages et des graphiques, le signe le plus encourageant d’une transformation en cours.
 

Région
Fez - Meknès
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