Maglor - Dans un contexte où la légalité internationale et la cohérence institutionnelle de l'Union africaine sont plus que jamais en question, Saoud Mohamed, docteur en science politique à Bruxelles, adresse une lettre ouverte à Son Excellence Monsieur Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l'Union africaine, appelant au retrait définitif de la "RASD" de l'organisation continentale. Cette démarche vise à rétablir la primauté du droit international et à consolider l'unité africaine autour de la souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara.
Objet : Retrait définitif de la "RASD" de l'Union africaine
Monsieur le Président,
La résolution 2797, adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 31 octobre 2025, a une fois encore confirmé ce que la majorité des nations africaines et la communauté internationale reconnaissent désormais comme une évidence : le plan d'autonomie sous souveraineté marocaine constitue la seule base sérieuse, crédible et réaliste de règlement du différend autour du Sahara marocain. Cette position claire, réaffirmée par les Nations unies et soutenue par une majorité croissante d'États africains, consacre la légitimité du Maroc et la primauté du cadre onusien comme seul espace légitime de négociation.
Or, au sein de notre organisation continentale, persiste une contradiction profonde : la présence d'une entité fictive, la prétendue "RASD", non reconnue par les Nations unies et sans existence juridique internationale. Cette situation, héritée d'un autre temps, porte atteinte à la crédibilité et à la cohérence institutionnelle de l'Union africaine et empêche notre organisation de jouer pleinement son rôle de moteur de l'unité, de la paix et de la stabilité régionale.
Un mouvement africain constant en faveur de la légalité internationale
Dès le retour du Maroc au sein de l'Union africaine en 2017, vingt-huit (28) pays africains avaient adressé une lettre officielle à la Présidence de l'Union, demandant la suspension de la "RASD", estimant que sa présence était contraire à l'Acte constitutif de l'Union et aux principes fondamentaux de souveraineté. Ces pays étaient : Gabon, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cap-Vert, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Érythrée, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Liberia, Libye, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Eswatini, Togo et Zambie.
Un appel historique resté sans suite
Monsieur le Président, il est important de rappeler que cette lettre des vingt-huit chefs d'État africains, datant du retour du Maroc à l'Union africaine en janvier 2017, n'avait alors pas pu recevoir de suite, probablement en raison de l'absence du quorum requis et du contexte politique de division prévalant à l'époque.
Aujourd'hui, la situation a fondamentalement changé. La résolution 2797 (2025) du Conseil de sécurité, conjuguée à l'adhésion de nombreux États africains supplémentaires à la position marocaine, confère à votre haute autorité toutes les conditions de légitimité et de quorum nécessaires pour donner enfin suite à cette lettre historique et traduire en acte la volonté claire de la majorité du continent africain.
L'Afrique du droit international et de la légitimité
Depuis 2017, la dynamique s'est élargie : le Malawi (mai 2017), le Rwanda (2018 et confirmation en 2021), le Lesotho (décembre 2019), le Tchad (octobre 2020), les Seychelles (juin 2021), le Kenya (septembre 2022), Madagascar (juin 2024) et l'Égypte (mai 2025) ont successivement rejoint cette position lucide et responsable.
Ainsi, 37 pays africains, incluant le Royaume du Maroc, ont officiellement reconnu la marocanité du Sahara et appelé au retrait de la "RASD" de l'Union africaine. Avec l’adhésion naturelle de pays comme le Mali, le Niger, la Mauritanie, la Tanzanie, le Soudan du Sud et le Cameroun – connus pour leur respect du droit international – cette dynamique atteint désormais un niveau de représentativité continentale sans précédent.
En additionnant ces États aux 37 déjà engagés, ce sont désormais 45 États membres sur 54 qui soutiennent la souveraineté du Maroc sur son Sahara à travers son plan d'autonomie. Le seuil requis des trois quarts des États membres, prévu par le règlement intérieur de l'Union africaine pour modifier ou corriger un acte constitutif, est ainsi non seulement atteint, mais largement dépassé.
Cette réalité confère à votre haute autorité, Monsieur le Président, toute la légitimité et la responsabilité d'inscrire à l'ordre du jour de la prochaine session du Sommet de l'Union africaine la question du retrait définitif de la "RASD", afin de rétablir la cohérence institutionnelle et le respect de la légalité internationale au sein de notre organisation.
Appel à la cohérence et à la responsabilité historique
Ce retrait ne constituerait pas un acte de division, mais un acte de maturité politique et de respect du droit international. Il permettrait à l'Union africaine de retrouver la cohérence nécessaire pour contribuer efficacement au processus onusien, sans interférence ni contradiction avec les décisions du Conseil de sécurité.
Le Maroc, fidèle à son engagement panafricain, a toujours privilégié le dialogue, la coopération et la stabilité régionale. Son plan d'autonomie n'est pas une simple revendication, mais une offre de paix durable, soutenue par la majorité du continent.
Monsieur le Président, l'Histoire retiendra ceux qui auront eu le courage et la clairvoyance de libérer l'Afrique des vestiges idéologiques freinant son unité. Parmi eux, nul doute que votre nom pourra s’inscrire, en ayant eu la vision et la détermination de rétablir la vérité au sein de notre organisation.
Le moment est venu pour l'Union africaine de se réconcilier avec la vérité, la légitimité et la cohérence. Le moment est venu, pour vous, Monsieur le Président, de marquer cette page d’Histoire en donnant suite à la volonté claire de la majorité des nations africaines.
Saoud Mohamed
Docteur en science politique, Bruxelles