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Paris : Une conférence sur la liberté de la presse au Maroc sabotée par de supposés baltaguias

L’association de défense des droits de l’homme au Maroc (ASDHOM), basée en France, a organisé vendredi une conférence de presse sous le thème «Pour la liberté de la presse au Maroc». Un rendez-vous qui s’inscrit dans le cadre de son cycle de conférences et auquel Khadija Ryadi, Hicham Mansouri et Rosa Moussaoui étaient invités.

Mais la rencontre a été sabotée par des «fauteurs de troubles», comme le montre une vidéo partagée hier sur la page Facebook de la militante Fatiha Aarour et reproduit ci-dessous. «Nous avons assisté ce soir au retour des méthodes qu'on pensait révolues. Des barbouzes envoyés par les services marocains ont saboté la conférence de l'ASDHOM sur la liberté de la presse au Maroc», écrit-elle sur sa page Facebook, sous sa propre responsabilité.

«Violence manifeste des baltajias, chaises jetées, personnes poussées et violentées. Ils sont allés jusqu'à sectionner le fil électrique pour couper le courant et plonger la conférence dans le noir total, ils ont jeté des boules puantes obligeant les personnes qui assistaient à la conférence à sortir.»

Présente aussi à cet événement, Rosa Moussaoui, journaliste à l’Humanité, a précisé dans un article qu’une «quinzaine d’individus très agressifs ont fait irruption au Maltais rouge, un ancien local du PSU, à deux pas de la place de la République» pour saboter la conférence. «Fatiha Aarour (…) avait à peine introduit la soirée qu’elle était interrompue et prise à partie par l’un de ces nervis», rapporte-t-elle.

«J’ai reconnu au moins deux individus spécialement venus du Maroc. Ils nous ont d’abord couverts d’insultes, puis l’intimidation et la violence verbale se sont muées en violence physique», relate l’ancienne présidente de l’AMDH, Khadija Ryadi, citée par l’Humanité.

«Cet épisode en dit long sur le sentiment d’impunité des baltajia, les hommes de main du makhzen, confortés par la complaisance française pour la monarchie alaouite. Tout leur est permis, même en plein cœur de Paris», conclut le journal français, sans toutefois apporter les preuves de ses affirmations.
 

En savoir plus

Dans le monde arabe, un baltaguia (arabe : البلطجية) est un homme de main, payé par le pouvoir en place pour lutter contre l’opposition politique de toutes les manières.

Ce terme peut être transcrit par baltajiyya comme en Algérie ou avec une syllabe plus dure, baltaguiyabaltagueya comme en Égypte. Il désigne d’abord les sapeurs de l’armée ottomane. Vigoureux, disciplinés et loyaux, ils étaient aussi utilisés pour des tâches de maintien de l’ordre3. Il prend ensuite en dialecte égyptien le sens de « voyou ». Il donne le terme baltaguisme.

À la fin du xxe siècle, les troupes de baltaguias sont recrutées parmi les délinquants et les criminels par les régimes autoritaires du monde arabe, mais plus généralement chez les personnes analphabètes et sans ressources, hommes ou femmes. Ces différents régimes les utilisent pour renforcer les forces de polices lors de missions où la violence est requise et lorsqu’il s’agit de conserver le pouvoir : bourrage d’urnes, tabassage d’opposants, attaque de manifestants, voire contre-manifestation violente comme lors de la « bataille des chameaux » place Tahrir au Caire, lors de la révolution égyptienne de 2011, mais aussi intimidation de candidats de l’opposition et achats de voix. Leur nombre aurait été de 500 000 en Égypte à la veille de la chute du régime de Hosni Moubarak

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