
Première crise au sein du gouvernement du Premier ministre britannique Rishi Sunak: sa ministre de l'Intérieur Suella Braverman s'est retrouvée sous forte pression lundi, entre sa gestion de l'afflux de migrants et les questions qui entourent sa renomination.
(AFP) - Cette ultraconservatrice de 42 ans, qui partageait récemment son "rêve" de voir des demandeurs d'asile arrivés illégalement sur le sol britannique expulsés vers le Rwanda - un projet controversé actuellement bloqué - est confrontée à la dure réalité.
Malgré les promesses du Brexit de mieux maîtriser les frontières britanniques, le Royaume-Uni connaît un afflux sans précédent de migrants qui traversent la Manche à bord de petites embarcations. Près de 40 000 ont traversé depuis le début de l'année l'un des détroits les plus fréquentés au monde au péril de leur vie.
S'y ajoute à la situation critique au centre d'accueil de Manston (sud-est de l'Angleterre), surpeuplé, confronté à de graves problèmes sanitaires et à des durées de séjour qui s'étirent, dans ce qui est censé être un centre de transit.
La situation y est "totalement inacceptable", a dénoncé le député conservateur Roger Gale sur la BBC. "Il y a simplement trop de gens et on n'aurait jamais dû laisser cette situation en arriver là", a-t-il déclaré.
Le centre accueille plus 4 000 personnes, selon le député. "Le responsable, qu'il s'agisse de la précédente ministre de l'Intérieur ou de celle-ci, doit rendre des comptes, car une mauvaise décision a été prise et a conduit à ce que je considère comme une atteinte aux droits", a-t-il ajouté sur Sky News.
Cocktails molotov
A cette surpopulation s'est ajoutée le transfert temporaire de 700 personnes dimanche, après qu'un centre d'accueil où débarquent les migrants à Douvres a été attaqué avec des cocktails molotov, faisant deux blessés légers, dans un contexte de tensions dans la ville portuaire.
Le suspect a ensuite été retrouvé mort dans une station-service, selon la police, des informations de presse affirmant que l'homme a mis fin à ses jours.
La ministre de l'Intérieur Suella Braverman a évoqué des faits "bouleversants" sur Twitter, sa première expression publique ses derniers jours.
La patronne du "Home Office" a quitté le gouvernement de Liz Truss le 19 octobre, après avoir reconnu avoir envoyé indûment un document officiel depuis une adresse email personnelle.
Mais dans la foulée de son arrivée à Downing Street la semaine dernière, le nouveau chef du gouvernement Rishi Sunak l'a renommée six jours plus tard.
Sunak confirme sa confiance
Mise sous pression par l'opposition travailliste, Suella Braverman a publié lundi un récit détaillé des événements. Si elle a transféré à six reprises des documents gouvernementaux vers sa boîte mail personnelle, ils n'étaient pas classés "secrets" ou "top secrets", ni n'étaient de nature à faire bouger les marchés financiers, a-t-elle assuré.
"J'ai été transparente à propos de mes erreurs", a-t-elle écrit dans sa lettre adressée à une commission parlementaire, estimant l'affaire "close".
Le porte-parole officiel du Premier ministre a assuré lundi que Suella Braverman a la pleine confiance de Rishi Sunak, et que celui-ci estime qu'elle a livré un "compte-rendu détaillé" des faits.
"Nous avons besoin d'actes de la part du Home Office (...) et pour le moment on ne voit rien", a fustigé sur Sky News la députée d'opposition Yvette Cooper, responsable des questions de sécurité au parti travailliste.
Rishi Sunak a promis "intégrité, professionnalisme et responsabilité, on n'a aucune de ces trois choses de la part de la ministre de l'Intérieur", a accusé Yvette Cooper.
Dans une lettre ouverte publiée lundi, plus de 120 associations et ONG ont exhorté la ministre à créer des voies sûres pour les demandeurs d'asile et respecter le droit international et Convention des Nations-Unies pour les réfugiés. "Alors", conclut la lettre, "vous auriez vraiment fait quelque chose qui vaut qu'on en rêve".