
Après Maghreb Emergent et Radio, le site Interlignes est à son tour inaccessible en Algérie, depuis ce dimanche matin.
(AFP) - Le site d'information en ligne algérien Interlignes est censuré par les autorités, a indiqué dimanche soir son fondateur et directeur de publication Bouzid Ichalalene. Il s'agit du troisième média algérien à être la cible d'une mesure de censure par les autorités depuis le 10 avril après deux sites du groupe Interface Médias: Maghreb Emergent et Radio M, une radio web.
Interlignes est inaccessible depuis la fin de la matinée dimanche en Algérie, selon son directeur de publication. «Le pouvoir veut pousser les médias sérieux à la fermeture et laisser la médiocrité régner sur ce noble métier», a réagi Bouzid Ichalalene auprès de l'AFP. «Les utilisateurs de l'ADSL et de l'internet mobile ne peuvent plus y accéder sans le recours à l'application VPN. Il s'agit d'une nouvelle mesure de censure qui cible notre média», avait auparavant affirmé le fondateur du site dans un communiqué.
Basé à Alger, Interlignes est un média en ligne généraliste, lancé début 2018 par Bouzid Ichalalene, un professionnel issu de la presse papier, et composé d'une équipe de jeunes journalistes. Il n'a pas été possible d'obtenir un commentaire du ministère de la Communication dimanche soir.
Déjà censuré en 2019
Le site avait été déjà censuré en juillet 2019 en raison de sa couverture des marches du «Hirak», le mouvement populaire antirégime qui a ébranlé le pouvoir pendant plus d'un an jusqu'à sa récente suspension en raison de la pandémie de Covid-19, rappelle Interlignes.
«Nous défions quiconque, des autorités, des institutions, et personnalités, de nous apporter un écrit dans lequel nous pratiquons la diffamation, ou la diffusion de fausses informations», écrit Bouzid Ichalalene dans son communiqué. «Cette série de censures dont sont victimes aussi nos confrères intervient au moment où les Algériens ont plus que jamais besoin des médias pour s'informer et faire face à la pandémie de Covid-19 qui ravage le monde entier», conclut-il.
Le ministre algérien de la Communication, Ammar Belhimer, a récemment accusé des médias nationaux -- dont Radio M -- de bénéficier de financements étrangers, ce qui est interdit par la loi. Interrogé par l'AFP à ce sujet, Bouzid Ichalalene a assuré qu'Interlignes tirait son financement à 100% de la publicité en ligne en Algérie.
Le conseil des ministres a par ailleurs adopté dimanche des dispositions qui proposent de «criminaliser (...) notamment la diffusion de "fakenews" pour porter atteinte à l'ordre et à la sécurité publics, l'atteinte à la sûreté de l'État et à l'unité nationale, la falsification en vue de l'obtention d'aides publiques financières, matérielles et en nature, ainsi que d'exonérations fiscales».
INTERLIGNES a déjà été victime de cette même décision arbitraire en juillet 2019. Les tenants du pouvoir à l’époque voulaient nous punir pour avoir assumé notre devoir de couvrir les marches du mouvement populaire.
La censure n’a été levée qu’à la fin de l’année. Mais seulement pour quelques semaines. Revoilà à nouveau le blocage, sans pour autant savoir quelle en est la raison. Qui a donné l’ordre de nous bloquer ? Que nous reproche-t-on encore cette fois-ci ? Veut-on nous faire payer notre objectivité et notre rigueur dans le traitement de l’information ?
Les services qui sont entrain de censurer toute voix qui s’élève contre le pouvoir actuel sont, sans se rendre compte, en train de noircir l’image de l’Algérie et non pas de la protéger. La liberté d’expression est l’indice des libertés dans un pays.
Le site Interlignes riposte : " Nous défions quiconque, des autorités, des institutions, et personnalités, de nous apporter un écrit dans lequel nous pratiquons la diffamation, ou la diffusion de fausses informations.
Cette série de censures dont sont victimes aussi nos confrères intervient au moment où les Algériens ont plus que jamais besoin des médias pour s’informer et faire face à la pandémie de Covid-19 qui ravage le monde entier.
En attendant d’avoir une réponse claire, nous tenons à informer l’opinion publique nationale et à la prendre à témoin. "