Maglor - L’Algérie fait face à une menace directe sur plusieurs projets liés à son secteur des hydrocarbures, en raison de la grave crise financière que traverse la société britannique Petrofac, spécialisée dans les services pétroliers et gaziers. Cette situation compromet près de 9 milliards de dollars d’investissements dans le pays.
Petrofac, un acteur clé en difficulté
Fondée en 1981, Petrofac joue un rôle central dans le développement des infrastructures pétrolières et gazières au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Présente en Algérie depuis 1997, elle a collaboré avec Sonatrach sur plusieurs projets stratégiques.
Mais le 28 octobre 2025, l’entreprise a annoncé la suspension de la cotation de ses actions à la Bourse de Londres et son placement sous administration judiciaire, selon la plateforme spécialisée Attaqa (11 novembre).
Un processus de restructuration est actuellement en cours, mais de fortes incertitudes pèsent sur la continuité des projets en cours d’exécution, notamment en Algérie.
Le complexe pétrochimique d’Arzew en première ligne
Parmi les projets les plus menacés figure le complexe pétrochimique d’Arzew, développé en partenariat entre Petrofac, une entreprise chinoise et Step Polymers, filiale de Sonatrach.
Ce projet, d’une valeur estimée à 1,5 milliard de dollars, vise la construction de deux unités de traitement du propane et du propylène, avec une capacité annuelle de 550 000 tonnes de propylène destiné à l’industrie des plastiques.
Tout retard ou arrêt dans l’exécution du chantier mettrait en péril les efforts algériens de valorisation locale des hydrocarbures et ralentirait la diversification industrielle du pays.
Des appels d’offres suspendus et des incertitudes à moyen terme
Au-delà des projets en cours, des appels d’offres d’une valeur totale estimée à 7,19 milliards de dollars restent en suspens. Leur aboutissement dépendra de la capacité de Petrofac à redresser sa situation financière.
Un retrait de la société britannique impliquerait une reconfiguration majeure de la planification énergétique algérienne, avec des répercussions sur l’emploi local et la chaîne d’approvisionnement.
Face à cette crise, Sonatrach et les autorités algériennes étudient plusieurs scénarios de remplacement, notamment le recours à de nouveaux partenaires étrangers pour garantir la poursuite des projets jugés stratégiques.
Une crise à portée régionale
L’impact de la défaillance de Petrofac dépasse les frontières algériennes.
Des pays du Golfe et du Moyen-Orient, tels que les Émirats arabes unis, l’Irak, la Libye, Bahreïn et Oman, sont également concernés par des projets fragilisés, représentant plus de 5,8 milliards de dollars d’investissements.
Cette crise illustre la vulnérabilité du secteur énergétique mondial face à l’instabilité financière des grands prestataires techniques, et pourrait pousser les pays producteurs, dont l’Algérie, à repenser leurs partenariats industriels dans une logique de durabilité et de souveraineté énergétique.