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Islam de France : quatre fédérations dissidentes du CFCM annoncent créer une « coordination »

Islam de France : quatre fédérations dissidentes du CFCM annoncent créer une « coordination »

Le rififi continue du côté de l'Islam de France. La Fédération de la Grande Mosquée de Paris, le Rassemblement des Musulmans de France, Musulmans de France et la FFAIACA avaient annoncé mercredi leur « retrait définitif » du bureau exécutif du CFCM. Aujourd'hui, elles s'autoproclament en coordination pour être le porte-parole officiel des Musulmans de France.

La Fédération de la Grande Mosquée de Paris, le Rassemblement des Musulmans de France, Musulmans de France et la Fédération Française des Associations Islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA) avaient annoncé mercredi leur « retrait définitif » du bureau exécutif du CFCM. Nouvelle étape ce dimanche 21 mars : l’annonce de la mise en place d'« une coordination entre les responsables de ces fédérations ».

« Cette démarche a pour objectif de mener une réflexion pour la refondation de la représentation du culte musulman en France pour mieux servir les musulmans », indiquent-ils. Ils appellent « l’ensemble des responsables des lieux de culte et mosquées à participer activement à ce travail de réflexion qui permettra l’émergence d’une structure représentative du culte musulman en France capable de répondre aux attentes et aspirations des musulmans de France ».

« La nouvelle instance représentative incarnera les valeurs essentielles de l’islam authentique et ouvert, en parfaite symbiose avec les valeurs et principes de la République », affirment-ils. Le président du CFCM Mohammed Moussaoui n’a pas tardé à réagir. Il accuse les quatre fédérations de vouloir « paralyser le CFCM ».

Une autoproclamation !

Elles « s’autoproclament comme la seule + porte-voix + des musulmans de France et leur dénient le droit à la consultation et à la participation aux futures assises départementales », juge-t-il. Ces assises, « permettront aux musulmans de France de décider par eux-mêmes du mode de gouvernance des instances représentatives de leur culte », affirme Mohammed Moussaoui.

Créé en 2003, le CFCM, dirigé depuis janvier 2020 par Mohammed Moussaoui, est devenu le principal interlocuteur des pouvoirs publics sur l’islam mais est régulièrement miné par des différends internes et sa représentativité est souvent remise en cause.

En début d’année, « la charte des principes pour l’islam de France », réclamée par Emmanuel Macron dans la foulée de son offensive contre le « séparatisme », avait provoqué de vives tensions au sein du CFCM.

En savoir plus

L'impossible entente (extraits du quotidien L'Opinion)

(L'Opinion) - Plus rocambolesque qu’une union de la gauche, voici l’impossible entente des leaders musulmans de France. Alors qu’Emmanuel Macron misait sur le Conseil français du culte musulman (CFCM) comme troisième pilier de sa stratégie contre le séparatisme (avec le projet de loi confortant les principes républicains et la politique d’égalité des chances), l’instance créée par Nicolas Sarkozy en 2003 risque d’exploser en plein vol. A l’Elysée, on attend de voir comme atterrira ce big bang... bien conscient que le schisme du CFCM risque de faire reculer l’organisation, déjà laborieuse, du culte musulman.

« Copinage »

Selon le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, les quatre dissidents veulent torpiller les réformes en cours : fin du système de cooptation au sein du CFCM, élections au niveau départemental et suivi de la certification halal (aujourd’hui réservée à trois mosquées – Paris, Lyon, Evry). « Hafiz refuse d’en finir avec le copinage », accuse un haut commis de l’Etat. De fait, la Grande Mosquée de Paris et ses nouveaux alliés ont beaucoup à perdre : ils représentent un islam minoritaire sur le terrain, bien inférieur en voix à l’Union des mosquées de France, présidée par Moussaoui, et aux fédérations de la communauté franco-turque.

Eclatement

Résultat, l’Etat ne sait plus trop à quel saint se vouer. Emmanuel Macron avait remis le CFCM sur le devant de la scène après l’assassinat terroriste de Samuel Paty et celui de la basilique de Nice. « Il a été courageux de s’attaquer à ce dossier qui obsède et tétanise l’Etat français depuis Pierre Joxe, poursuit l’observateur. L’idée est toujours de créer une maison commune, dans un islam qui n’est pas monolithique. » Mais la maison se divise à présent en trois pôles : une entité dissidente menée par la GMP ; un CFCM amputé ; les indépendants susceptibles de faire basculer les majorités au gré de leurs intérêts. Un éclatement qui ne facilitera pas les chantiers en cours.

La formation théologique des imams n’avance guère. Le projet de financement du culte musulman, entre le CFCM et l’Amif (association), est au point mort. Pilier de « l’islam des Lumières », la Fondation pour l’islam de France est elle aussi en attente d’un éventuel changement de président. La place Beauvau a demandé le report de l’assemblée générale reprogrammée le 8 avril. Même l’acquis des aumôneries risque de connaître des turbulences. « S’il n’y a plus de CFCM, leur légitimité sera contestée, l’aumônier national des armées sera en concurrence avec celui des prisons », présume un connaisseur.

« Le CFCM est l’instance institutionnelle avec laquelle nous travaillons, mais il y a d’autres voix sur l’islam de France », indique un proche du chef de l’Etat. En juin 2017, Emmanuel Macron voulait même tout bousculer et contourner le vieux CFCM… Sa première intuition était peut-être la bonne.

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