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Strasbourg se recueille après la profanation du cimetière juif de Quatzenheim

Près de 1.700 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées mardi soir à Strasbourg, comme dans de nombreuses autres villes de France, pour dire «Ça suffit» alors que l'Alsace a été frappée le jour même par la profanation d'un cimetière juif.

(AFP) - «Je suis là pour manifester ma désapprobation vis-à-vis de ce qui est fait à la communauté juive. La profanation du cimetière de Quatzenheim a certainement renforcé ma détermination à venir ici ce soir», a expliqué Benoît Meyer, un médecin de 57 ans, interrogé par l'AFP.

«Je trouve inadmissible que l'antisémitisme se poursuive sans qu'on ne fasse rien. S'il y a 30% d'antisémites en France, il reste 70% qui peuvent se montrer, comme ce soir», a observé Josette Kleitz, 75 ans, retraitée de Geudertheim (Bas-Rhin).

«Je suis née pendant la guerre, et ce qui m'a le plus horrifiée c'est l'étoile jaune», s'est-elle souvenue. «Personne n'a bougé», mais «comme avec « Je suis Charlie » , il aurait fallu « Je suis étoile jaune».

De nombreux élus participaient à ce rassemblement organisé place de la République, ceints de leur écharpe tricolore. Parmi eux, le maire (PS) de Strasbourg Roland Ries, le président (LR) de la Région Grand Est Jean Rottner ou l'ancienne maire (PS) Catherine Trautmann. 

La lecture par deux jeunes gens de l'allocution prononcée par Simone Veil le 28 janvier 2005 à Auschwitz-Birkenau et d'un texte de Louis Aragon dénonçant la «plante monstrueuse» de l'antisémitisme a été suivie par une longue minute d'un silence pesant, puis d'une Marseillaise chantée par la foule.

Cette cérémonie, que les organisateurs avaient voulu sobre, n'a duré qu'une dizaine de minutes. Un rassemblement interreligieux sera organisé mardi prochain place du Château à Strasbourg, près de la cathédrale, pour dire une nouvelle fois «non» à l'antisémitisme.

Sur change.org, une pétition en ligne du Consistoire israélite du Bas-Rhin, intitulée «le cri de Strasbourg», avait recueilli plus de 5.400 signatures mardi soir.

Lancée une semaine plus tôt, elle appelle à dire «non» à l'antisémitisme et à mener «une lutte sans merci contre ses »propagateurs" ou ceux du racisme. 

Macron promet d'agir

Mardi soir à Paris et partout en France, ce sont des milliers de personnes qui se sont rassemblées pour protester contre la multiplication des actes antisémites dans l'Hexagone.

«La République est un bloc», a déclaré le président de la République au Mémorial de la Shoah, où il s'est rendu en fin de journée en compagnie des présidents des deux chambres du Parlement pour se recueillir et déposer une gerbe. 

Au même moment, la place de la République à Paris était noire de monde, la foule de 20.000 personnes brandissant ici ou là des pancartes «Ça suffit» - le mot d'ordre du rassemblement -, «non à la banalisation de la haine». Une cinquantaine de partis, associations, mouvements avaient appelé à faire front commun contre l'antisémitisme.

Le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, a pris place au sein d'un périmètre sécurisé où se pressaient de nombreux représentants politiques.

«Se rassembler, c'est nécessaire. Ça n'est pas suffisant, mais c'est nécessaire pour dénoncer ce qui n'est pas acceptable. Ensuite il y aura du travail d'éducation, de formation, probablement un travail législatif, aussi», a déclaré M. Philippe à l'issue de la cérémonie.

«Un test pour la nation»

Les anciens présidents de la République François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient présents, ainsi que le président de LR Laurent Wauquiez ou le délégué général de La République en marche Stanislas Guerini. 

«L'antisémitisme, ça n'est pas l'affaire des juifs, c'est l'affaire de tous les Français», a déclaré M. Hollande. «Un certain nombre d'individus provoquent, insultent l'autorité de l'État. L'État doit répondre. Je suis sûr qu'il le fera, mais il faut le faire maintenant et avec une fermeté extrême», a de son côté affirmé M. Sarkozy.

La cérémonie démarrée vers 19H30 s'est achevée vers 20H00. Elle s'est ouverte sur une intervention du rabbin Delphine Horvilleur. «Quand l'antisémitisme ressurgit, d'où qu'il vienne et quelque nom qu'il porte, quand grandit la haine de l'autre, sous toutes ses formes, il s'agit d'un test pour la nation, le test de sa dignité et de sa grandeur. Parfois la République donne rendez-vous à ses enfants sur une place et elle nous demande : sauras-tu être à la hauteur ?», a-t-elle déclaré devant la foule recueillie.

Le chanteur Abd al Malik a conclu en chantant la Marseillaise, la voix étranglée par l'émotion. Entre-temps, plusieurs jeunes ont lu des textes, symbole de la volonté des organisateurs de sensibiliser la jeunesse à la lutte contre l'antisémitisme.

Des «gilets jaunes» avaient fait le déplacement, notamment Côme Dunis et Frédéric Mestdjian, de la liste «Ralliement d'initiative citoyenne», souhaitant démentir par leur présence le fait que le mouvement des gilets jaunes soit gangréné par l'antisémitisme. Le philosophe Alain Finkielkraut avait été la cible d'insultes antisémites, samedi en marge d'une manifestation de «gilets jaunes».

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