
Une large majorité des participants à la consultation citoyenne sur l’avenir de l’Alsace se sont prononcés en faveur de la sortie des deux départements alsaciens de la région Grand Est. La consultation, qui n’a pas de valeur juridique, a enregistré 168456 participations.
Plus de neuf votants sur dix, 92,4%, ayant participé à la consultation sur l’avenir de l’Alsace au sein du Grand Est en décembre dernier ont répondu "oui" à la sortie du Grand Est. Le résultat a été révélé lundi 21 février à Colmar, en ouverture d’une réunion de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA). L'intitulé exact de la question posée le 21 décembre dernier était : "L'Alsace doit-elle sortir du Grand Est pour redevenir une région à part entière ?"
Frédéric Bierry, le président de la CEA, ambitionnait de dépasser les 100 000 votants, "pour que ça ait du sens", pour considérer que "c'est un sujet qui intéresse les Alsaciens". Cet objectif est rempli avec 168 456 participants, qui se sont exprimés sur internet, par courrier ou en déposant un bulletin dans l'une des 99 urnes installées dans les points d'accueil de la région, collectivités ou mairies.
La consultation était ouverte à toutes les personnes majeures résidant en Alsace, Françaises ou non, et à celles "déclarant y avoir leur attache". Cette consultation n’a toutefois pas de valeur juridique. Frédéric Bierry revendique néanmoins "une valeur politique très forte". Lors du lancement des opérations de vote, il s'est engagé à solliciter "tous les candidats à l'élection présidentielle" et à demander au "président élu en avril 2022 de respecter la volonté des citoyens alsaciens".
Les réactions
« En tant qu’élue locale, de longue date, j’ai toujours plaidé pour la consultation de nos concitoyens, a réagi Brigitte Klinkert. Alors je suis heureuse aujourd’hui que beaucoup d’Alsaciens aient répondu à cette consultation ; ils ont répondu favorablement. […] Chaque fois que je rencontre le président de la République et le Premier ministre, nous parlons de L’Alsace, et moi en tant qu’élue alsacienne, et en tant que ministre, ministre alsacienne, je vais être le relais auprès du président de la République et du Premier ministre des résultats de cette consultation. »
Dans les rangs de l'opposition, les élus du groupe Alsace écologiste, citoyenne et solidaire à la CEA n'ont pas tardé à réagir. « Les résultats sont à la hauteur de cette mascarade », a estimé Damien Fremont (EELV). « Cela montre le manque de sérieux, même si il ne faut pas sous estimer le désir d'Alsace. Mais il n'y a pas eu de débat de fond de qualité organisé », a-t-il ajouté.
Jeanne Barseghian, a pris acte du résultat tout en exprimant « de sérieuses réserves quant à la pertinence d’un tel procédé qui suscite des attentes fortes sans aucune possibilité de les satisfaire dans le contexte politique et institutionnel actuel. » Pour la maire écologiste de Strasbourg, « la CeA doit s’atteler à mettre en œuvre concrètement les compétences qui sont déjà les siennes. »
La réaction de Jean Rottner a été d'autant plus cinglante qu'il est totalement ridiculisé par cette consultation et ses résultats. Prenant acte du résultat, le président de la région Grand Est, s'interroge sur la place à donner aux 88 % d’alsaciennes et d’alsaciens qui n’ont pas souhaité participer (à la consultation, ndlr). Rappelant les chiffres du référendum de 2013, Jean Rottner souligne que « la question emporte donc toujours moins d’adhésion. Il faut en tirer les conclusions et avancer. » Après un plaidoyer en faveur de la région Grand Est, espace de solidarité et de puissance, Jean Rottner souhaite que « la CeA honore les missions qui lui ont été confiées par les signataires des accords de Matignon » en indiquant au préalable avoir attendu « autre chose » de la nouvelle Collectivité européenne d’Alsace. Avant de conclure en rappelant son « attachement à tous les habitants de notre région, champardennais, lorrains, alsaciens » tout en précisant que « face à la crise, la solidarité et le soutien mutuels sont de bien meilleurs atouts pour notre territoire. C’est ce choix-là qui importe. Le seul qui m’intéresse. »
« Le message envoyé par les Alsaciens aux candidats à l’élection présidentielle est clair : si la France est une démocratie, l’Alsace doit sortir maintenant du Grand Est » a déclaré de son côté Jean-Georges Trouillet, président du mouvement alsacien Unser Land, dans un communiqué. « Même si elle avant tout une opération de communication, cette consultation prouve qu’il existe un réel désir de retrouver l’Alsace », a réagi Laurent Jacobelli, président du groupe RN et apparenté au conseil régional du Grand Est.