Partager sur :

Retraites : Grèves attendues en France contre la réforme des retraites

Retraites : Grèves attendues en France contre la réforme des retraites

La grève contre la réforme des retraites et le report de l'âge légal à 64 ans s'annonce très suivie jeudi, notamment dans l'éducation et les transports, malgré les efforts du gouvernement pour défendre son "projet de justice" et ses appels à éviter les blocages.

(AFP) - La France s'apprête à vivre "un jeudi de galère", a résumé le ministre des Transports, Clément Beaune. Mais "il faut faire le distinguo entre les syndicats qui appellent à manifester dans un cadre traditionnel et républicain, et ceux qui sont dans une démarche délibérée de bloquer le pays, voire de cibler des parlementaires", a déclaré Emmanuel Macron en Conseil des ministres, selon un participant. Une allusion à la CGT-Energie, qui a menacé de coupures d'électricité les permanences d'élus favorables à la réforme.

Jeudi, la SNCF prévoit une circulation "très fortement perturbée" avec un TGV sur trois, voire un sur cinq selon les lignes, et à peine un TER sur dix en moyenne. Le métro parisien sera également réduit à l'essentiel, avec trois lignes fermées et dix autres ouvertes uniquement aux heures de pointe, selon la RATP, qui a conseillé le télétravail à ceux qui le peuvent.

C'est bien l'intention de certains usagers rencontrés mercredi à Paris par l'AFP. "Demain je vais faire du télétravail, je vais rester à la maison et attendre que ça passe", a confié Aurélie Lenoir, 36 ans, dirigeante d'une start-up.

Le ciel ne sera pas épargné, puisque 20% des vols devraient être annulés à l'aéroport d'Orly.

Ceux qui opteront pour la voiture pourront encore trouver du carburant, même si les raffineries et les dépôts pétroliers sont appelés à cesser leurs activités pendant 24 heures. "Pas de panique, les stocks sont pleins", a déclaré le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné.

Beaucoup de Français devront cependant garder leurs enfants, car 70% des enseignants du primaire seront en grève et de nombreuses écoles fermées - "au moins un tiers" à Paris - d'après le syndicat Snuipp-FSU.

Dans le secondaire aussi, la grève s'annonce suivie. Des blocus de lycées sont attendus, plusieurs organisations de jeunesse appelant à rallier la journée d'action organisée par les huit grandes centrales syndicales. Une intersyndicale dont la pétition en ligne contre une "réforme injuste et brutale" a dépassé les 500 000 signatures mercredi.

Les agents d'EDF ont eux procédé mercredi, dans les barrages, à de premières baisses de production d'électricité, occasionnant la perte sur le réseau de l'équivalent d'un réacteur nucléaire, sans provoquer de coupures de courant.

Risque de «pré-cortège»

Unis pour la première fois depuis douze ans, les syndicats prévoient des rassemblements dans 215 à 250 villes selon les sources, et espèrent une mobilisation "approchant le million" de manifestants, a indiqué le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, mercredi soir sur TMC.

"Ce qu'on sent aujourd'hui, c'est qu'il y a une grosse colère, une volonté de manifester contre le report de l'âge légal", a ajouté le dirigeant du premier syndicat français, évoquant "le paramètre le plus injuste qui soit".

La police met sans surprise la barre moins haut: des sources sécuritaires tablent sur une fourchette de 550 000 à 750 000 manifestants.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé que plus de 10 000 policiers et gendarmes seraient mobilisés, dont 3 500 à Paris, où des sources sécuritaires évoquent un risque de "pré-cortège" potentiellement violent de 1 000 à 2 000 personnes.

Benjamin Marol, 45 ans, ira manifester dans la capitale. "Quand on vous dit que vous allez bosser deux ans de plus dans des mauvaises conditions salariales et de travail, ça vient s'ajouter (...), c'est la double peine", dit à l'AFP ce professeur d'histoire-géographie de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Eleonora Lombardelli, médecin urgentiste et addictologue de 41 ans, a pris sa matinée pour rejoindre le cortège marseillais. "Que des gens doivent attendre 64 ans même s'ils ont déjà atteint le taux plein, je suis contre. On n'a qu'une vie !"

Face à la large contestation, le gouvernement s'emploie à défendre sa réforme, à l'image d'Elisabeth Borne. Invitée surprise d'une réunion publique du parti majoritaire dans le Val-de-Marne mercredi soir, elle a défendu un projet "porteur de progrès social pour le pays". Parmi les mesures mises en avant par l'exécutif figure la revalorisation des petites retraites, qui va d'ailleurs creuser de 400 millions d'euros le déficit de la Sécurité sociale, désormais attendu à 7,5 milliards d'euros cette année.

Des arguments qui peinent à convaincre l'opinion, deux sondages publiés mercredi montrant même un recul de l'adhésion à la réforme.

Partager sur :