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Strasbourg : la fierté d’un jeune imam français formé au Maroc

Kalilou Sylla, 25 ans, nouvel imam de la Grande mosquée de Strasbourg est l’un des étudiants français formés dans une école de théologie au Maroc. Itinéraire d’un jeune homme qui se consacre à sa religion.

Devenir imam n’était pas le rêve de Kalilou. De confession musulmane, il a grandi à Sevran, en Seine-Saint-Denis, dans une famille originaire du Mali, fait savoir le journal L’Alsace. Entre les cours d’arabe et un éveil à la religion les week-ends, son intérêt pour la religion va crescendo d’abord au collège puis au lycée. Mais le déclic lui est venu en 2015 après les attentats de Paris. « J’ai ressenti une ignorance de la religion musulmane, une incompréhension, se souvient-il. Je me suis demandé, comment peut-on faire ça au nom de ma religion, j’ai eu envie de comprendre. Et il y a eu ce que j’entendais de la part de non-musulmans. »

En janvier 2016, alors qu’il faisait des études en administration économique et sociale, il décide de partir au Maroc pour suivre une formation théologique. Il a le soutien de ses parents. Le jeune homme de 19 ans saisit l’opportunité que lui offre l’Union des mosquées de France (UMF). Cette année-là, l’institut avait décidé d’envoyer, pour la première des étudiants français, à l’Institut Mohammed VI de Rabat. En tout, 30 étudiants. « Ils ont les mêmes références religieuses. Il y a de plus une stabilité du royaume et des liens existent avec le gouvernement français », fait savoir Kalilou.

Il finit ses trois années de formation au Maroc, reçoit sa certification puis décide de revenir en Alsace l’été après un premier stage à la Grande mosquée de Strasbourg à l’été 2019. En parallèle, le jeune imam poursuit le reste de l’année ses études à la prestigieuse université Al-Quaraouyine, à Fès, qui forme l’élite théologienne marocaine. Il prolonge son séjour strasbourgeois. Coronavirus oblige. Il organise des ateliers au profit des jeunes qui marchent bien et il décide finalement de rester. La chance lui sourit une fois de plus. En septembre 2020, il devient le nouvel imam de la Grande mosquée de Strasbourg.

Il propose la majorité de ses activités en langue française. Un atout que son prédécesseur nommé à Ensisheim n’avait pas. « Il ne maîtrisait pas bien le français et c’était un manque dans les relations avec les plus jeunes », observe Fouad Douai, gérant de la Grande mosquée de Strasbourg. En peu de temps, Kalilou Sylla arrive à satisfaire un besoin de la communauté. Il organise tous les dimanches après-midi des assises pour la jeunesse. Il propose le thème de la séance, les sujets religieux, comme la Création, ou sociétaux (vêtements, écologie spirituelle, dépression, islamophobie…) à la suite d’un sondage sur Instagram dans la semaine.

Ils sont souvent 30 voire 40 lycéens et étudiants à y participer. D’autres viennent déjà le matin pour discuter de jurisprudence. « C’est le signe d’une demande, d’un besoin qui n’était pas pourvu jusque-là », analyse l’équipe de la Grande mosquée. Kalilou Sylla incarne tout simplement une nouvelle génération d’imams.

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