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Émoi et confusion en Argentine pour le dernier adieu à Diego Maradona

Gracias Diego

La journée d'hommage national à Diego Maradona en Argentine a été à la hauteur des passions suscitées par l'icône du soccer: passionnées et outrancières avec une veillée funèbre terminée dans la confusion avant le départ du cortège funéraire transportant Diego Maradona vers sa dernière demeure.

(AFP) - Une longue file de milliers de supporteurs a commencé à serpenter dès l'aube autour de l'historique Place de Mai dans l'espoir d'entrer dans la Casa Rosada, le siège de la présidence argentine où était organisée une chapelle ardente.

Un énorme ruban noir ornait l'entrée du bâtiment de pierre rose, dont les drapeaux étaient en berne en signe de deuil national décrété pour trois jours.

Mais tous n'ont pas pu dire un dernier adieu à leur idole et plusieurs incidents sont venus ternir ce moment de recueil.

Le cercueil fermé contenant la dépouille de la légende du soccer, recouvert du drapeau argentin et des divers maillots des équipes pour lesquelles Maradona a joué, notamment ceux de la sélection argentine et de Boca Juniors floqués du mythique numéro 10, a dû être déplacé, selon une source gouvernementale. Des supporteurs avaient envahi la cour de la présidence.

Des échauffourées ont par ailleurs éclaté dans les rues adjacentes avec la police qui a fait usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes en échange de projectiles en tout genre.

Après ces moments de confusion, le cortège funéraire s'est élancé vers le cimetière Jardin de Paz, en périphérie de Buenos Aires, où un service religieux était prévu, au cours d'une cérémonie familiale privée.

Avant cette fin de journée agitée, poing levé ou la main sur le coeur, de nombreux admirateurs ont cependant pu se succéder devant les restes de leur idole, décédée mercredi à 60 ans d'un arrêt cardiaque.

C'est un génie, c'est le peuple, c'est nous, c'est la vie et l'amour, a dit, enflammé, à l'AFP, Andrés Quintero.

Ce restaurateur de 42 ans a fait deux heures de route depuis sa ville de Tigre pour rendre hommage à Maradona.

Je ne peux pas le croire, ce n'est pas possible, Diego ne peut pas être mort, s'est écrié un homme en larmes quittant le palais présidentiel soutenu par ses proches.

Membres de la famille et joueurs en activité ou retraités, notamment des coéquipiers du capitaine argentin au Mondial de 1986, s'étaient rendus dans l'intimité à la chapelle ardente avant son ouverture au public.

Avant l'ouverture des portes, des mouvements de foule se sont produits devant la Casa Rosada. Puis une longue procession a commencé à défiler devant le cercueil de l'ancien joueur.

Diego, je t'aime à jamais, a crié, en sanglots, un des premiers supporteurs à pénétrer dans la chapelle ardente.

Le décès de Diego Maradona, qui était très affaibli après une intervention chirurgicale pour un hématome au crâne, au début novembre, s'est produit mercredi à 10 h (HNE), selon le procureur John Broyard. Les résultats préliminaires de l'autopsie indiquent qu'il est mort d'un œdème pulmonaire aigu secondaire et d'une insuffisance cardiaque chronique exacerbée. Cœur avec cardiomyopathie dilatée, a-t-il précisé.

Des milliers d'admirateurs s'étaient rassemblés dans la nuit de mercredi à jeudi auprès des stades des clubs où Maradona a joué en Argentine : à Buenos Aires (Argentinos Juniors et Boca Juniors), à Rosario (Newell's Old Boys) ainsi qu'à La Plata, où il entraînait la formation de Gimnasia jusqu'à son décès.

Ailleurs dans le monde

En Inde, pourtant terre de cricket, l'État du Kerala a déclaré deux jours de deuil officiel et un hôtel où l'Argentin avait séjourné a été transformé en mausolée.

En Europe, Naples attendait fébrilement de revoir du soccer jeudi soir : le match Naples-Rijeka en Ligue Europa (15 h [HNE]) devait être synonyme d'hommage à Maradona, ancienne icône du club, qui avait offert aux Napoli ses deux seuls titres de champion en 1987 et 1990.

Si la planète savait la santé du pibe de oro fragile, l'annonce de son décès a entraîné un déluge de tristesse dans le monde du ballon rond, où seul le Brésilien Pelé (80 ans) rivalise avec Maradona dans le classement informel des plus grands de tous les temps.

En Italie, le quotidien sportif La Gazzetta dello Sport regrette la mort du Dieu du football. Dieu est mort, titre en France L'Équipe.

En Espagne, Marca, le journal le plus vendu du pays, a viré au noir sa fameuse bannière rouge. Chaque page est numérotée no 10, d'après le numéro de maillot du génie argentin.

Même l'Angleterre, où Diego Maradona a laissé une image controversée en raison de son fameux but de la main face aux Anglais en quarts de finale du Mondial de 1986 (la main de Dieu, selon les mots de Maradona), salue le génie du petit meneur de jeu.

Passez outre la tricherie – si vous aimez vraiment le football, alors vous aimez Diego Maradona, conclut le prestigieux quotidien britannique The Times.

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