Partager sur :

Diego Maradona : La main de Dieu avait déposé un génie du football sur terre

Le joueur argentin : Diego Maradona

Le footballeur argentin est mort ce mercredi, annoncent son porte-parole et la fédération argentine de football. Il avait 60 ans.

(AFP) - Diego Maradona est mort. Confirmé par la fédération argentine de football et son porte-parole, la légende du football est décédée mercredi à l'âge de 60 ans. Selon les premières informations livrées par Sebastian Sanchi, le champion du monde 1986, l'un des meilleurs joueurs de l'histoire du football, avait été opéré début novembre d'un hématome à la tête et se trouvait depuis en convalescence.   

Au vu de la popularité du joueur,  le gouvernement argentin vient de décréter trois jours de deuil national. Une décision à la hauteur des hommages qui pleuvent sur la Toile.

La vie de Diego Maradona aura été marquée par le football. Même si ce dernier a été un entraîneur aussi médiocre qu'il fut un joueur époustouflant, contrairement à d'autres grands noms du football qui ont réussi leur reconversion. Johan Cruyff a réinventé le jeu du FC Barcelone depuis le banc après l'avoir réinventé sur le terrain. Franz Beckenbauer, Mario Zagallo et Didier Deschamps ont été champions du monde dans les deux rôles. Maradona... n'a jamais rien gagné comme entraîneur, si ce n'est des sanctions pour mauvais comportement. 

En octobre 2008, l'arrivée à la tête de l'équipe d'Argentine de l'idole absolue du foot national électrise pourtant le pays, qui rêve de conquérir en Afrique du Sud une troisième Coupe du monde. Mais le chemin de la qualification pour le Mondial s'avère semé d'embûches pour l'Albiceleste, malgré une génération pétrie de talent: Messi, Agüero, Tévez, Mascherano, Zanetti... L'Albiceleste finit quatrième sur dix des qualifications sud-américaines à l'issue d'une campagne qui l'aura vu subir, en Bolivie, la pire défaite de son histoire (6-1). 

Et à mesure que la Coupe du monde approche, le pays s'inquiète de plus en plus des choix erratiques de son sélectionneur, qui n'a jamais dégagé de onze-type. Surtout quand il choisit d'écarter Javier Zanetti et Esteban Cambiasso, pourtant au sommet de leur art et tout juste vainqueurs de la Ligue des champions avec l'Inter Milan, du voyage en Afrique du Sud, au profit de joueurs méconnus du championnat argentin. L'aventure s'arrête en quarts de finale avec une déculottée contre l'Allemagne (4-0). Maradona, limogé dans la foulée, aura convoqué 108 joueurs en deux ans... 

Outre l'Argentine, Maradona a dirigé six clubs. Sa première expérience arrive en 1994, alors qu'il n'a pas encore raccroché les crampons mais est frappé d'une suspension après son contrôle antidopage positif au Mondial-1994. Mandiyu, petit club du nord-est de l'Argentine en difficulté financière, joue son va-tout et tente le pari fou d'aller chercher Maradona comme entraîneur et l'international argentin Sergio Goycochea comme gardien. 

Le fiasco est total, avec une seule victoire en 12 rencontres. Le club finit la saison relégué en deuxième division et disparaît, criblé de dettes, quelques mois plus tard. Son passage en 1995 sur le banc de Racing, grand club historique du foot argentin, est tout aussi chaotique. En à peine 11 matches (dont deux victoires), Maradona fait des doigts d'honneur à des supporters adverses, est exclu pour avoir jeté de l'eau sur un arbitre, et... manque plusieurs rencontres. Ses piges aux Emirats arabes unis, après son échec avec l'Albiceleste, se suivent et se ressemblent. 

A Al Wasl, il est sanctionné pour une altercation avec un entraîneur adverse, puis renvoyé au bout d'un an pour mauvais résultats. A Al-Fujaïrah, en deuxième division émiratie, il reste moins d'un an, échouant à décrocher la promotion dans l'élite. Seule réussite de sa carrière, son passage aux Dorados de Sinaloa, en deuxième division mexicaine, où il reprend une équipe là encore en perdition et l'amène deux fois en finale du championnat... insuffisant pour décrocher l'unique promotion. En 2019, un nouveau club argentin en difficulté, Gimnasia, l'appelle au secours. Reçu par un stade plein pour sa présentation comme entraîneur, il démissionne en milieu de saison, puis revient. L'aura de Maradona est toujours intacte. Son talent d'entraîneur, désespérément absent. 

En savoir plus

Le communiqué d'Emmanuel Macron sur elysee.fr

La main de Dieu avait déposé un génie du football sur terre. Elle vient de nous le reprendre, d’un dribble imprévu qui a trompé toutes nos défenses. Voulait-elle, par ce geste, trancher le débat du siècle : Diego Maradona est-il le plus grand joueur de football de tous les temps ? Les larmes de millions d’orphelins y répondent en ce jour par une évidence douloureuse. 

Né dans une banlieue pauvre de Buenos Aires, Diego Armando Maradona fait rêver sa famille et son quartier par ses passements de jambes qui crucifieront bientôt les meilleurs défenseurs européens. Boca juniors et les derbys mythiques le révèlent au football mondial. C’est Barcelone qui décroche le diamant, pensant avoir enfin trouvé le successeur de Johan Cruyff pour dominer à nouveau le football européen. 

Mais c’est à Naples que Diego devient Maradona. Dans le sud italien, le pibe de oro retrouve la démesure des stades d’Amérique du Sud, la ferveur irrationnelle des supporters et emmène Naples sur la route du Scudetto, sur les toits de l’Europe. Le mezzogiorno tient sa revanche sur l’histoire et ce n’est que le renfort de Platini qui permettra à la Juventus de ferrailler à nouveau à armes égales avec son rival historique. 

Joueur somptueux et imprévisible, le football de Maradona n’avait rien de récité. Avec une inspiration toujours renouvelée, il inventait sans cesse des gestes et des frappes venus d’ailleurs. Danseur en crampons, pas vraiment athlète, plutôt artiste, il incarnait la magie du jeu.

Mais il lui restait à écrire l’histoire d’un pays meurtri par la dictature et par une défaite militaire. Cette résurrection a lieu en 1986, dans le match le plus géopolitique de l’histoire du football, un quart de finale de coupe du monde contre l’Angleterre de Margaret Thatcher. Le 22 juin 1986, à Mexico, il marque un premier but avec Dieu pour coéquipier. Le miracle est contesté, mais l’arbitre n’a rien vu : le sens de l’esbrouffe de Maradona lui arrache le point. S’ensuit « le but du siècle », qui convoque les mânes des plus grands dribbleurs du football : Garrincha, Kopa, Pelé réunis dans une seule action. Sur 50 mètres, dans une course hallucinante, il passe en revue la moitié de l’équipe anglaise, dribble le gardien Shilton avant de propulser le ballon dans les filets et l’Albiceleste dans le dernier carré de la coupe du monde. Dans le même match, dieu et diable, il marque les deux buts les plus célèbres de l’histoire du football. Il y avait un roi Pelé, il y a désormais un Dieu Diego.  

Avec la même grâce, la même insolence superbe, il se faufile jusqu’à la finale qu’il marque par le plus beau geste du football : la passe décisive, le but des numéro 10. Lorsqu’il soulève le trophée, un mythe est né : l’enfant terrible est devenu le meilleur joueur du monde. Et la coupe du monde retrouve l’Argentine : cette fois, c’est celle du peuple, pas celle des généraux. 

Ce goût du peuple, Diego Maradona le vivra aussi hors des terrains. Mais ses expéditions auprès de Fidel Castro comme de Hugo Chavez auront le gout d’une défaite amère. C’est bien sur les terrains que Maradona a fait la révolution. 

Le Président de la République salue ce souverain incontesté du ballon rond que les Français ont tant aimé. A tous ceux qui ont économisé leur argent de poche pour compléter enfin l’album Panini Mexico 1986 avec sa vignette, à tous ceux qui ont tenté de négocier avec leur compagne pour baptiser leur fils Diego, à ses compatriotes argentins, aux Napolitains qui ont dessiné des fresques dignes de Diego Rivera à son effigie, à tous les amoureux de football, le Président de la République adresse ses condoléances émues. Diego se queda.

Partager sur :