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En Alsace, une nouvelle école formera les imams de France

C’est en mars 2021 que l'école nationale des cadres religieux et des aumôniers musulmans (Encram) d'Ostwald ouvrira ses portes. Trente étudiants de niveau Bac, recrutés sur dossier, y seront accueillis. 

C'est un projet qui a mis du temps à voir le jour. Maintenant la date est arrêtée : en mars 2021, l'école nationale des cadres religieux et des aumôniers musulmans d'Ostwald ouvrira ses portes. Pour former des imams français en partenariat avec l'université de Strasbourg, c'est une première.

A Ostwald, des imams pourront être bientôt être formés par l'école nationale des cadres religieux et des aumôniers musulmans (ENCRAM). Le site d'Ostwald accueille déjà l'école nationale de l’aumônerie hospitalière (ENAH), qui forme des aumôniers musulmans depuis de nombreuses années et l'école nationale de l’aumônerie militaire (ENAM) qui a ouvert tout récemment.

Des imams français et un centre de formation de référence

La formation se veut de qualité, et un partenariat avec l'université de Strasbourg est en cours. L'idée c'est que l'ENCRAM dispense les cours religieux et que les cours profanes (sociologie, psychologie, histoire, droit...) puissent être dispensés par l'université de Strasbourg, gage de transparence et de qualité pour la direction de l'école.

"Nous voulons former des imams à même de connaître le contexte français et républicain, ce qui n'est pas le cas avec les imams formés à l'étranger, qui arrivent en France avec leur culture et leurs repères, très différents des nôtres", explique Hanane Lamouri, trésorière de l'ENCRAM et responsable de l'aumônerie musulmane aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg.

L'objectif sera de permettre à 30 étudiants, à partir de mars 2021, de participer en présentiel (ou à distance, selon les conditions sanitaires à ce moment-là) à des séminaires de plusieurs jours ou plusieurs semaines, qui valideront des unités d'enseignement, et progressivement les séminaires se transformeront en cours continus.

"La formation durera trois ans, et elle sera sanctionnée par un certificat", précise Hanane Lamouri. Le niveau final devra être équivalent à une licence. 

Un partenariat avec l'Université de Strasbourg

"Des instituts de formations des imams existent déjà en France, mais elles sont uniquement gérées par des associations musulmanes. Nous sommes en train d'établir un partenariat avec l'université de Strasbourg, pour une formation de référence et de qualité des imams de France", explique Hanane Lamouri.

Abdelhaq Nabaoui, le président de l'ENCRAM voudrait à terme créer une faculté de théologie musulmane, au côté de la faculté protestante et catholique de l'université de Strasbourg. "On ne peut pas tout de suite réaliser cette faculté, donc nous commençons par ce centre de formation des imams et des aumôniers", explique-t-il lors d'un entretien à RCF.

Des formateurs actuels mais aussi de nouveaux intervenants seront responsables des unités de formation. Des théologiens français se chargeront de la partie religieuse. "Les prêches dans les mosquées en France se font en français, c'est une question qui ne se pose plus. Il y a parfois une traduction en arabe qui est proposée", explique Hanane Lamouri. L'islam de France a besoins d'imams formés en France, qui connaissent les réalités françaises et la langue. 

A terme, l'ENCRAM devraient pouvoir former 20 nouveaux imams par an. "Le président de l'ENCRAM, Abdelhaq Nabaoui a vraiment voulu faire avancer les choses, pour donner une impulsion et tout faire pour qu'il y ait un islam de France", précise Hanane Lamouri. Le recrutement se fera sur dossier, un niveau bac est requis. Et le financement proviendra au début essentiellement des étudiants, l'ENCRAM ne veut aucun fonds étranger pour son école.

Entraide des religions en Alsace-Moselle

Le choix de l'Alsace n'est pas au hasard. "En Alsace-Moselle, le dialogue entre les religions est facilité ici, il y a une entraide qui est favorable au développement d'un centre de formation", complète Hanane Lamouri.

Actuellement, deux centres forment les imams en France, d'une part l'Institut européen des sciences humaines à côté de Château-Chinon (58) qui dépend de l'ex-Union des organisations islamiques en France et l'Institut Al Ghazali, qui dépend de la Grande Mosquée de Paris.

Il y avait en 2016 environ 300 imams détachés d'un pays étranger en France, sur les 2.400 imams exerçant en France, selon un rapport d'information du Sénat. Emmanuel Macron a annoncé le 18 février 2020 la fin du détachement des imams étrangers en France pour 2024.

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